Pour monter un psaume à quatre voix…

Pourquoi chantons-nous les psaumes ?

« Le chant d’amour de notre vraie patrie »

Image: le Roi David chantant les psaumes

« Saint Augustin appelle les Psaumes le “chant d’amour de notre patrie”. Tout comme celui qui marche sur le chemin chante les chansons de son pays, nous devons nous aussi chanter les Psaumes comme des chants qui nous parlent de notre véritable pays et nous font grandir dans l’amour de ce pays. Et comme les marcheurs chantent la nuit afin de chasser la crainte des ténèbres, nous devons nous aussi chanter les Psaumes pour nous consoler dans la nuit de notre vie et pour sentir et goûter déjà quelque chose de notre patrie véritable. »1

Le véritable « je » des psaumes, c’est Jésus-Christ, nouveau David. Il est le premier à les prier, et lorsque nous les récitons, c’est toujours à sa suite et avec lui. Comme l’a dit Benoît XVI, « le Christ lui-même devient ainsi le chef de chœur », c’est lui qui apprend à l’Église à « louer adéquatement Dieu et s’unir à la liturgie céleste. »2

Chanter avec amour, c’est chanter… deux fois

Avant même de travailler le chant, il est bon de prendre un moment pour prier le psaume que nous allons chanter. En effet, comment guider la prière de l’assemblée sans s’être d’abord soi-même familiarisé avec cette prière ? Être familier d’un psaume, c’est aussi comprendre en quoi il nous concerne aujourd’hui : à travers des images parfois surprenantes, tout psaume dit quelque chose de profond sur notre humanité et sur notre vie.

À nous d’y entendre une parole pour notre vie et la vie de la communauté, afin d’entraîner le plus grand nombre (l’assemblée) dans la prière. Notons enfin que cette démarche ne doit pas conduire à « interpréter » la prière, mais à mieux la proposer.

À la messe : le psaume au cœur d’un dialogue entre Dieu et son peuple

Pendant l’Eucharistie, le psaume est la réponse de l’assemblée à la Parole entendue dans la première lecture. Ce n’est ni un chant d’assemblée, ni un « solo », mais une prière menée par un soliste – ou un petit chœur, ici.

Benoît XVI rappelle qu’à la messe, le chœur « “ne fait pas face à une communauté qui se contente d’écouter, comme le public d’un concert, mais il fait lui-même partie de cette communauté et il chante en tant qu’il la représente.” Le chœur agit pour les autres. Son chant ouvre à tous l’accès dans cette grande liturgie de la communion des saints. »3

Source : Pastorale des jeunes du diocèse de Nantes, Livret “L’Eucharistie, c’est la vie !” (2010)
Source : Pastorale des jeunes du diocèse de Nantes,
Livret L’Eucharistie, c’est la vie ! (2010)

Conseils pour préparer un psaume

Casting : quatre chanteurs… ou moins

Les psalmodies proposées ici sont principalement destinées à des ensembles de quatre chanteurs, un par voix. L’accompagnement instrumental n’est pas toujours nécessaire : un psaume polyphonique peut être très beau sans orgue. Mais on peut aussi, en fonction des musiciens présents, chanter seulement une, deux, ou trois voix, avec le soutien de l’orgue.

Oser se jeter à l’eau

D’expérience, il n’est nul besoin d’être d’avance un soliste chevronné pour participer à un quatuor ! On progresse beaucoup en se lançant et en osant chanter régulièrement en polyphonie. En revanche, il est souhaitable qu’un ou deux membres du quatuor aient déjà un peu d’expérience et la possibilité d’aider les autres.

Déchiffrage

Voici quelques conseils pour la mise en place de la polyphonie :

  1. Déchiffrer voix par voix, en insistant sur :

    • la voix principale : tout le monde peut d’abord apprendre le soprano, pour se repérer dans le psaume et connaître ce que chantera l’assemblée. Lors de la messe, on chante toujours une première fois le soprano seul, pour permettre à l’assemblée de reprendre l’antienne.

    • les passages plus difficiles dans chaque voix : grand intervalle, enchaînement de demi-tons… à repérer et répéter.

    • les enchaînements : fin de l’antienne / début de la psalmodie, et fin de la psalmodie / début de l’antienne, pour s’assurer que chacun le maîtrise.

    À cette étape, les fichiers audio voix séparées sont là pour vous aider. Un membre du quatuor qui déchiffre bien peut aussi chanter leurs voix aux autres pour les guider.

  2. Chanter les voix deux par deux, selon la logique musicale du psaume : si deux voix ont le même rythme, par exemple, les chanter ensemble. On peut aussi chanter ténor + basse, puis soprano + alto.

  3. Chanter l’antienne à quatre voix, plusieurs fois. Dans ce troisième temps, prendre le temps d’écouter une parmi les autres voix, tout en chantant. S’entraîner à écouter les autres en tenant sa voix est un très bon exercice, qui aide à maintenir la justesse et unifie le son.

  4. Chanter ensemble une strophe de la psalmodie, en repérant bien la syllabe soulignée où la note change pour chaque chanteur (c’est en général ensemble).

  5. Enchaîner plusieurs strophes : enchaîner antienne / strophes selon l’ordre final.

La psalmodie

La psalmodie est un type de chant bien particulier, qui n’est pas régi par les mêmes principes musicaux que l’antienne : son rythme est non mesuré (il n’y a pas de battue régulière des temps), et la fin de chaque demi-verset est marquée par une inflexion du chant. Voici quelques éléments pour la travailler :

  • L’intelligibilité et l’articulation : par le psaume, l’assemblée participe elle-même à la Parole de Dieu – encore faut-il que cette parole soit prononcée avec clarté. Le plus grand soin doit donc être apporté à l’intelligibilité des versets prononcés. Une technique efficace est d’exagérer les consonnes, qui sont généralement atténuées par l’acoustique des églises.

  • La clarté du timbre : la voix individuelle doit être naturelle, comme si l’on parlait. Il ne faut donc pas trop timbrer le son, et se représenter celui-ci de manière “verticale”.

  • Garder comme horizon un débit proche de celui de la parole, naturel. Ne pas aller trop vite si la phrase est longue, par exemple. Ne pas non plus chercher un rythme systématisé.

  • Rechercher l’unité du son entre les chanteurs : voir le point suivant.

Favoriser l’unité sonore

Les quatre voix sont égales, et doivent tendre à ne faire qu’un dans le chant. Comment faire ?

  • Respirer ensemble avant de commencer, et pendant la psalmodie.

  • Articuler de la même façon les ‘e’ muets et les liaisons. Il n’y a pas de règle absolue, mais il faut s’accorder à l’avance :

    • ex : « Tu as changé mon deuil en une danse »
    • ex : « Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient »
  • Marquer les césures ensemble, là où on a décidé de le faire (possible aux virgules et autres signes de ponctuation) :

    • ex : « En toi, // Seigneur, // j’ai mon refuge »
  • Assurer l’unité phonétique des voyelles : un son, par exemple le /o/ de « tôt », est plus puissant si les chanteurs s’accordent pour le faire avec le même degré d’ouverture phonétique (quel qu’il soit, peuchère). Cela joue également un rôle important dans la justesse harmonique.

Boîte à outils

  • Travailler d’abord lentement un psaume rapide, ou plus vite un psaume très lent, permet de mieux les maîtriser.
  • Si nécessaire, l’un des chanteurs peut légèrement diriger de la main les autres pendant la psalmodie.
  • Le geste n’est pas indispensable, mais il est toujours bon que l’un des chanteurs ait le rôle de guide : comme dans la musique de chambre, il peut respirer pour signifier aux autres le départ, la relance de la psalmodie…

Un exemple : le psaume de la Messe des Étudiants d’Île-de-France 2016

Enfin, n’hésitez pas à nous contacter si vous avez une interrogation particulière !


  1. Anselm Grün, Le Murmure des anges. Psalmodie et contemplation, Paris : Cerf, 2015, p. 26. [return]
  2. Benoît XVI, « Présupposés bibliques pour la musique sacrée », L’Esprit de la musique, Perpignan : Artège, 2012, pp. 62-63. [return]
  3. Benoît XVI, « Face aux anges, je te chante », L’Esprit de la musique, Perpignan : Artège, 2012, pp. 116-117. [return]